mardi 21 octobre 2008

DIVES 1

Premier jour de contact avec l'actualité brûlante de Dives-sur-Mer. La photo permet de minimiser les commentaires de la journée. Il y a eu la fermeture de Tréfimétaux en 1984 et maintenant on ferme EUROCEL. Aujourd'hui était le dernier jour de négociation entre les délégués de l'usine et les patrons. Pour décider du montant des indemnités de départ des salariés licenciés. 77 au total. Le délibéré se tient dans une salle du Château des Tilleuls ; base d'un centre de loisirs. Dehors on attend le résultat dans un saisissant vent froid d'automne. Mais il ne pleut pas. Entre les négociations et nous dehors, il y a une grille avec représentant du préfet, police, renseignements généraux, commissaire.
Les gens parlent. De tout. De ça bien sûr mais aussi du foot, de la bourse, des enfants...Je rencontre quelques personnes qui avaient subies la même chose à Tréfimétaux et qui sont là maintenant en soutien.
Puis les délégués apparaissent une première fois ; pour rien et prévenir qu'ils reviennent dans cinq minutes. Vingt minutes plus tard, ils annoncent la couleur : 8000 euros dans un premier temps plus une somme par la suite qui sera proportionnelle à la vente du matériel de production. Il y a vote chez les salariés. Une majorité refuse. Les délégués retournent au combat. On attend à nouveau. les discussions se concentrent plus sur ce qui est en train de se passer. Certains ont envie d'en découdre, mais ils le disent avec le sourire. Les délégués reviennent une deuxième fois, les actionnaires proposent 11 000 euros mais il y a perte de la mutuelle. Pour dehors cette fois ça suffit. C'est non. Il faut aller devant le tribunal et engager une bataille juridique. Maintenant dehors, tout le monde attend les patrons pour les insulter copieusement. Des oeufs circulent dans les mains car selon les renseignements généraux, l'oeuf non cuit n'est pas considéré comme un projectile. Mais on attend. Personne ne sort. A croire que les patrons attendent que tout le monde soit parti. Personne ne part. Un oeuf ou une bonne insulte c'est toujours ça de donner. Puis des cris soudain crèvent l'attente. Ca y est ! Ils sortent ! Oui mais par une porte dérobée, derrière le château, en catimini, en courant. Alors tout le monde se précipite avec pour seule arme le cri de révolte. On fait le tour. Vite. De peur de manquer la curée. Mais en bas de la route, une barrière de CRS bloque les nouveaux chomeurs en colère pour que les patrons puissent partir à l'abri du désespoir.
Christophe Tostain.